Le contexte religieux et politique en 1092

 

A l’époque où se déroule Le sourire des marionnettes, le calife sunnite de la dynastie des Abbassides (qui a succédé aux Omeyyades) règne à Bagdad. Il domine encore religieusement la plus grande partie du monde musulman, mais son pouvoir politique est moindre que celui de ses prédécesseurs. Il est affaibli par un essor du chiisme encore jamais vu durant les siècles précédents. Les chiites ont en effet pris le pouvoir en Egypte et au Maghreb, où règne désormais la dynastie des Fatimides, d’obédience ismaélienne, qui prétend descendre directement du Prophète par le biais de sa fille Fatima, mariée à Ali.

Les Seldjoukides

Les Seldjoukides (carte Larousse)

Quelques décennies plus tôt, l’Iran vivait aussi sous l’emprise d’un pouvoir chiite, sous la dynastie des Bouyites. Il aura fallu l’alliance du calife de Bagdad avec un sultan turc avide de conquêtes pour réduire à néant cette dynastie chiite en Iran et rétablir une autorité sunnite. C’est ainsi que les Turcs Sedjoukides ont pris le pouvoir en territoire persan : le calife abbasside sunnite était prêt à mettre l’Iran sous tutelle turque pour éradiquer la menace chiite. Par voie de conséquences, le prosélytisme sunnite et la persécution des chiites fondait la légitimité du pouvoir turc en Iran. Toutefois, dans un souci de faire accepter son autorité par le peuple iranien, le sultan seldjoukide Alp Arslan Shah, le père de Malik Shah, nomma habilement un premier vizir iranien qui régna durant quarante ans : l’éminent Nizam al-Mulk (1018-1092).

Calife et sultan sunnites étaient ainsi liés par des intérêts convergents, mais ils partageaient aussi un même ennemi qu’il était important pour eux d’isoler : le calife ismaélien fatimide en Egypte.

 

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